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Ainsi font, font les générations...



En tant que Constellatrice familiale, je trouve magique de pouvoir me tenir ainsi assise entre ma mère et mon fils avec ma petite-fille sur mes genoux.

Et le plus extraordinaire, c'est que, lors de cette fin d'année, nous avons pu passer du temps, (3 semaines), ensemble à prendre soin les uns des autres, à se raconter et à retisser les liens, libérés des ressentiments, de la colère, des reproches, des culpabilités et des attentes qui empoisonnaient nos relations.


Pourtant, cela n'a pas toujours été comme cela!


Dans notre famille, cela n'allait pas du tout.  On peut même dire que nous étions une famille parfaitement dysfonctionnelle avec un père qui avait 34 ans de plus que ma mère, et deux frères, dont un "demi-frère" du côté du père qui avait 7 ans de plus que moi et un petit frère, six ans plus jeune.  Alors que j'avais 5 ans, mon père décida, puisque son fils ne pouvait pas correspondre aux attentes qu'il étant en droit d'avoir à l'égard de son héritier, de se "débarrasser" de lui (il avait déjà été abandonné par sa mère biologique à la naissance), en le confiant à la fameuse DDASS ( Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales de la région des Alpes Maritimes) qui s'est ainsi faite complice des mauvais traitements infligés à un enfant de moins de 12 ans.


Mon père su profiter de l'opportunité pour me prévenir que le même sort m'était réservé si je ne filais pas droit.  J'avais à me tenir à carreau si je voulais rester avec eux. Dès ce jour, la peur d'être abandonnée, si je ne faisais pas tout ce qu'ils voulaient, s'est inscrite en moi. Ma mère n'ayant rien dit (elle avait elle-même peur d'être abandonnée avec moi mais ça je ne le savais pas), je la considérais comme une complice de mon père ce qui m'amena à ne faire confiance ni à l'un, ni à l'autre. Je vous épargnerai les mélodrames de mon enfance.  Toutefois, vous pouvez facilement imaginer tout ce que peut faire ou dire un père qui peut abandonner son enfant.


Arrivée à l'âge adulte, j'ai vécu des échecs relationnels répétitifs avec 1 divorce, 2 séparations et j'ai eu 4 enfants avec deux pères. Voyant très rapidement, je reproduisais ce que mes parents avaient fait avec moi car c'était la seule réalité que je connaissais, j'ai essayé de comprendre, et surtout de faire changer mes parents.  En tant que victime, j'ai cherché des réparations, attendus des excuses et je n'ai jamais rien obtenu. Mes parents étaient convaincus qu'ils étaient les meilleurs parents, alors que faire?


D'abord les reproches.


C'est ainsi que pendant des années,  j'ai haï mes parents et les fêtes de Noël avec ma mère (mon père est décédé quand j'avais 14 ans) était plus un calvaire qu'un plaisir avec très souvent des crises de rage avec, comme résultat, des portes défoncées ou des verres cassés (oui, j'ai pu aussi être sacrément violente).  Longtemps, j'ai attendu une reconnaissance de ma mère qui ne venait pas, puis un mea culpa de sa part qu'elle n'était pas en mesure de me donner, et enfin qu'elle m'écoute simplement lui dire tout ce qu'elle avait fait ou pas fait qui m'avait blessé et fait souffrir, ce qu'elle ne pouvait me donner.  Le fait que ma mère refusait absolument de parler du passé m'a fait vivre des frustrations énormes, et je croyais, que si ma vie était parfois un cauchemar, c'était tout simplement à cause d'eux, de leur manque d'amour et de leur méchanceté.


Puis le temps du renoncement.


J'en avais tellement sur la patate. Les reproches et les attentes que je portais pesaient tellement lourds sur mes épaules que j'ai souffert du dos une grande partie de ma vie.  J'ai même réussi à m'attirer des personnes qui m'ont dit que j'avais mérité ce qui m'était arrivé pendant mon enfance.


Le travail des Constellations familiales a été vraiment libérateur. Cette méthode est venue compléter et terminer plusieurs années de thérapie Jungienne et de séances de kinésiologie. Le processus doux et respectueux m'a permis de voir autrement ma famille, d'accepter ma mère telle qu'elle est, sans oublier mon père. J'ai pu enfin me contenter de ce que mes parents avaient pu me donner et renoncer à ce qu'ils étaient incapables de m'offrir. J'ai pu enfin arrêter d'attendre ce que je ne pouvais pas obtenir de ma mère. J'ai aussi cessé de faire porter la responsabilité de mes échecs à mes parents, et j'ai pris la responsabilité de ma vie.


L'acceptation a ouvert mon coeur.


En renonçant à obtenir ce que je jugeais normal de recevoir de mes parents, j'ai pu prendre soin de mes blessures.  Mon coeur s'est alors ouvert et j'ai pu voir ma mère telle qu'elle était et non pas telle que j'aurais voulu qu'elle soit. 

En acceptant ma mère, les relations se sont détendues. Je n'avais plus rien à prouver pour être reconnue par elle (pendant des années ma mère a ignoré complètement ce que je pouvais faire dans la vie), et je n'avais plus rien à attendre d'elle.


Après plusieurs années de tests, la vie est intelligente et, elle nous envoie des expériences pour vérifier si nous nous racontons des histoires ou si nous sommes vraiment honnêtes avec nous-mêmes, un jour de l'année dernière, je passais chez ma mère et je l'invite à venir chez moi à Londres pour passer une semaine. Et, incroyable, après des années d'indifférence ou de désintérêt, elle a dit oui. Pour la première fois, elle m'a reconnue, et m'a dit avec tout son coeur qu'elle m'aimait. Depuis, je dis que j'ai une nouvelle maman. Mais en fait, c'est toujours la même personne! J'ai juste changé ma façon d'être et mon coeur s'est ouvert.


Les traumas se transmettent à notre insu et peuvent être désactivés.


Pendant ces trois semaines, moi et mon fils (2ème de la fratrie et tout jeune papa) que vous pouvez voir sur la photo qui illustre cet article, avons eu l'occasion de parler plus en profondeur avec ma mère et de voir comment les traumas se transmettent d'une génération à l'autre.

Ainsi, j'ai découvert que ma mère a été tyrannisée durant toute son enfance par son grand frère au point qu'elle ne pouvait pas prendre un moment pour s'amuser avec ses amies sans être aux aguets. A chaque fois qu'elle se faisait prendre, son frère la frappait ou la dénonçait à sa mère qui la frappait également. Cela a bien entendu eu un énorme impact sur sa vie. Pour éviter de souffrir, elle n'a pas pris beaucoup de plaisir dans sa vie ou alors secrètement. Cette mémoire s'est transmise chez moi en se manifestant par une propension à faire tout ce que j'aimais en cachette de peur de me faire punir.


Effectivement ma mère jouait à son tour le rôle de persécuteur ce qui lui permettait, cela tout à fait inconsciemment, de remettre de l'équilibre dans sa vie. Mon fils nous a confié qu'il a aussi l'habitude de faire des choses qu'il aime en cachette des personnes qui compte pour lui pour ne pas perdre la relation (même s'il n'a jamais été puni de s'être amusé). 

Cette observation et cet échange honnête a permis de mettre en conscience un comportement de survie (je me cache pour assouvir mes besoins de base et ainsi éviter de souffrir ou d'être rejeté.e) ancré dans notre famille.  En acceptant tout simplement que ces mécanismes de survie qui avaient été nécessaires chez nos ancêtres pour éviter la douleur et assurer la survie, nous pouvons nous en défaire et nous libérer de cette emprise inconsciente qui nous empêche d'être qui nous sommes.


Ainsi font font les générations...

Nous vivons une époque fantastique et même si c'est la fin d'UN MONDE, un autre est en train de se mettre en place. La possibilité qui nous est offerte, aujourd'hui, de se libérer des mémoires trans-générationnelles qui nous limitent dans l'expression de notre plein potentiel est réellement extraordinaire. Et j'ose croire que cette nouvelle conscience de soi et transgénérationnelle va aider l'humanité à traverser les épreuves à venir avec créativité et adaptabilité.


Nous sommes le résultat des expériences vécues par nos ancêtres et le monde qui nous entoure est le résultat de nos croyances et de nos projections. Au plus nous serons en paix avec nos ancêtres, au plus nous pourrons nous ouvrir à de nouvelles possibilités et à une nouvelle réalité.


Si cet article, vous a interpellé et que vous aussi vous ressentez de la colère vis-à-vis de vos parents, du rejet, de la déception ou que vous vous êtes senti.e. trahi.e, abandonné.e ou maltraité.e, alors, le processus des Constellations familiales et du Coaching Relationnel Systémique pourrait vraiment vous aider.  N'hésitez pas à m'écrire et à me demander un rendez-vous découverte.


Orianne Corman

Photo réalisée par Sabrine Chihi

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