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Aimer inconditionnellement, est-ce vraiment possible?

Dernière mise à jour : 27 mai 2021

Probablement que je vais décevoir certains d’entre vous en mettant KO le grand mythe de l’Amour inconditionnel.

Comme beaucoup de mes amis et clients, j’ai été victime de cette belle illusion. Croyant à la force magique de cette forme d’amour, j’ai accepté irrespect, violence, maltraitance et humiliations. J’étais une idéaliste, rejetant l’ombre, pour pouvoir m’élever vers la lumière. J’avais soif de pureté, de beauté et d’amour. Je voulais être une sainte, je vous assure! J’avais tellement envie d’être quelqu’un de bien et d’être reconnue en tant que telle que j’ai fait de mon mieux pour montrer à ceux et celles, qui m’aimaient si mal, comme l’amour pouvait être généreux et acceptant. Je voulais croire que l’amour inconditionnel pouvait tout guérir même la méchanceté, la folie, et l’égoïsme. Je voulais suivre le Christ qui nous a conseillé de tendre la joue droite quand on nous frappe la joue gauche.

Autour de moi, j’ai eu aussi des amies et des amis qui ont été blessés, abîmés à force de vouloir aimer sans aucune condition. J’ai été témoin de la dureté et du manque d’amour qu’ils avaient envers eux-mêmes.

Puis un jour, j’ai embrassé mon ombre, ma noirceur, mon imperfection et j’ai appris à l’aimer. Je me suis libérée de la culpabilité, autre nom pour exprimer le désir de toute puissance, et j’ai commencé à m’aimer, me respecter, poser mes limites, annoncer mes préférences, penser à moi.

Et la magie a enfin opéré. Ma vie s’est améliorée, je n’ai plus eu que des personnes me reconnaissant, m’appréciant à ma juste valeur, et aimant être avec moi comme moi j’aime être avec elles.

Dans cet article, je vous invite à un petit voyage dans le temps, pour retrouver les origines de l’amour inconditionnel. J’aborderai la différence entre désir et amour. Ensuite, nous verrons le lien qu’il y a entre le désir de perfection, le narcissisme et la co-dépendance.




Petite histoire de l’Amour.


Au XIIe siècle, naquit, grâce à la légende de Tristan et Yseult, l’amour-passion qui va être à l’origine de l’amour courtois. L’archétype de cet amour est représenté par un chevalier qui s’éprend d’une dame de haut rang ( archétype de la princesse), souvent mariée, ou d’une jeune femme déjà promise à un autre. Dans cette relation impossible, le chevalier ne peut qu’aimer chastement puisque l’acte sexuel souillerait cet amour ou braver les interdits, comme le firent Abélard et Héloïse, et être puni. Abélard fut castré et tous deux furent enfermés dans des couvents. Selon Denis de Rougemont ( l’Amour en Occident, 1939), “Abélard et Héloïse ne s’aiment pas … Ce qu’ils aiment, c’est l’amour, c’est le fait même d’aimer.” L’amour courtois perpétue l’hérésie cathare qui est une vision manichéenne du monde. Les “Parfaits” (cathares) considèrent le corps comme une prison pour l’âme et selon eux, le monde procède du mal.

Je ne ferai pas une description détaillée de toutes les différentes étapes d’évolution de l’amour en Occident. Celui-ci évoluera par différents stades tels que l’amour tragique, l’amour galant et l’amour libertin pour arriver au XIXe siècle à l’amour romantique et l’amour réaliste.

L’amour romantique présente les mêmes ingrédients que l’amour courtois, c’est-à-dire l’idéal et l’impossibilité de la relation qui subliment les sentiments.

Avec la venue du New Age, l’amour inconditionnel apparaît comme une autre expression idéalisée de l’amour.



Pourquoi appelle-t-on, le désir, amour?


Nous sommes dès notre arrivée sur terre, tous, en recherche de reconnaissance. Nous avons besoin d’être vus entendus, touchés, goûtés et reniflés. C’est viscéral ,et nous fait sentir vivants. Nous sommes prêts à beaucoup de sacrifices, de renoncements, de reniements pour nous sentir inclus dans le clan familial. C’est tout simplement une question de survie. Si nous ne sommes pas reconnus, vus et touchés, nous risquons d’être invisibles et de mettre en péril notre vie.


Plus tard, à l’adolescence, nos hormones nous bousculent et éveillent de nouveaux besoins comme celui d’être en relation et d’avoir des relations sexuelles. Ce désir de l’autre, qui nous prend alors que nous ne nous y attendons pas, nous emporte, nous transforme, nous affole, nous chamboule, est appelé amour.


Désirer l’autre, vouloir fusionner avec lui, se réaliser grâce à l’autre fait partie de notre instinct de survie. Il est impossible de résister à cette vague. Le christianisme tout comme l’islam ont voulu contrôler cette force de vie qui fait peur. Ils ont alors codifié les relations entre les humains en établissant ce qui est permis de ce qui ne l’est pas. Les poètes et les philosophes nous ont piégés avec un idéal de l’amour qui nous éloigne du vrai sentiment amoureux.



Mais alors c’est quoi l’amour?


Quand les instincts sont apaisés, l’urgence levée et la peur partie, alors l’amour peut se manifester. Vous savez, c’est un peu comme l’histoire qui consiste à mettre la charrue avant les boeufs. L’amour a besoin d’un environnement favorable pour se révéler. Ce n’est pas dans le manque, la souffrance, l’excitation ou l’envie de faire l’amour que l’amour peut grandir. L’amour est plus un sentiment qu’un état émotionnel, bien que les deux soient généralement associés, car il semble impossible d’aimer sans ressentir de l’attirance, du désir, du goût pour la personne qui est en face de nous. Il est facile de confondre l’attirance avec l’amour bien qu’il soit possible d’aimer une personne sans la désirer physiquement.


L’amour serait, selon moi, un état d’acceptation qui accueille l’autre là où il est, tel qu’il est comme il est. Mais que veut dire accepter? Il ne s’agit pas d’approuver ce que l’autre fait ou dit, mais de vivre à partir de ce qui est là présent. De là, à tout supporter par “amour”, il n’y a qu’un pas qui est facilement franchi par la plupart d’entre nous. C’est ainsi que naît une confusion entre ce que nous ressentons comme le besoin d’être avec l’autre et l’idée d’aimer cette personne. Nous devenons dépendant des sensations dont nous lui attribuons la cause et sur qui nous projetons notre désir. Nous croyons aimer alors que nous sommes dépendants affectivement. Cette addiction nous pousse à nous laisser maltraiter pour obtenir ce que nous voulons de l’autre.


Aimer prend du temps et demande beaucoup de confiance. L’être, vulnérable quand il se livre à l’autre, a besoin de preuves et de sécurité. L’amour s’inscrit dans un engagement de l’un vis-à-vis de l’autre. Il se bâtit sur un projet commun que ce soit celui d’une mère qui s’engage à élever son enfant jusqu’à l’âge adulte, ou d’un couple qui décide de vivre ensemble pour une raison ou une autre.


Selon moi, il n’y a pas différents types d’amour. Le fait de croire cela l’amoindrit et l’affaiblit. L’amour EST de toute éternité. Il est vrai que l’être humain a toujours eu besoin de créer des catégories et pas seulement pour les shampoings.


Narcissisme, co-dépendance et Amour inconditionnel.


Selon moi, il y a quelque chose de narcissique à vouloir aimer inconditionnellement ce qui correspond tellement bien à notre époque où le culte de la personnalité (du latin personna: le masque) est encouragé depuis la plus tendre enfance. Qui n’a pas fait un selfie de sa vie?

Nous avons le désir d’être parfaits, et d’aimer parfaitement. Nous cherchons à être heureux et à rencontrer notre âme soeur qui nous permettra d’accéder à ce paradis sur terre.

On dit qu’il faut souffrir pour être belle ce qui devrait nous rendre heureuses. Aussi comment ne pas vouloir aimer inconditionnellement ? Partout, il nous est susurré que c’est l’accès au bonheur, ici et maintenant.


Le narcissique ne vient jamais seul, il est toujours associé à un(e) co-dépendant(e). Tous deux partagent des souffrances similaires et ont appris à les gérer différemment. L’un rejette sur l’autre sa haine, son agressivité et donc sa souffrance alors que l’autre l’incorpore pour la transcender.

Tous deux cherchent la perfection en toute chose. Ils ont tous deux besoin de contrôler leurs environnements et leurs relations. L’un le fera en humiliant, et l’autre en aimant inconditionnellement. Ils s’attirent irrésistiblement, car ils se complètent.


La co-dépendance est LE terreau fertile de l’Amour inconditionnel. Pour en sortir, il faudra abandonner définitivement l’illusion que nous pouvons avoir du pouvoir sur l’autre. L’arme préférée des co-dépendants est l’Amour inconditionnel. Je t’aime à en mourir. Cet amour malheureusement n’est pas magique et ne transformera pas le crapaud en Prince charmant ou la crapaude en Princesse.


En conclusion, l’Amour inconditionnel n’a aucun pouvoir magique sur nos relations surtout celles qui ne nous respectent pas. Il est simplement un piège qui nous tue doucement et sûrement. La seule solution est d’accepter la réalité de notre vie et de nous aimer totalement et profondément. Il est clair que la seule personne sur qui nous avons du pouvoir est nous-même et que nous sommes responsables de prendre soin de nous, car personne d’autre ne peut le faire aussi bien que nous.


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